INTRODUCTION

Octobre Rose n’est pas qu’un mois de sensibilisation. C’est un rappel puissant et précieux : celui de notre responsabilité collective et individuelle face au cancer du sein.

Au Bénin comme ailleurs, le cancer du sein demeure le premier cancer féminin. Autrefois touchant les femmes âgées, il devient de plus en plus l’apanage des jeunes femmes.

Mais derrière la peur et les rumeurs, comprendre cette maladie, c’est déjà commencer à la combattre.

I- GENERALITES

1- C’est quoi le cancer du sein ?

Le cancer du sein est une maladie qui se développe lorsque certaines cellules du tissu mammaire perdent leur fonctionnement normal et commencent à se multiplier de façon anarchique. Ces cellules anormales forment alors une masse appelée tumeur, qui peut être bénigne (non cancéreuse) ou maligne (cancéreuse).

Dans le cas d’un cancer, les cellules malignes ont la capacité de détruire les tissus voisins et, si elles ne sont pas traitées, de se propager à d’autres organes par le sang ou la lymphe c’est ce qu’on appelle la métastase.

Normalement, les cellules du corps suivent un cycle bien réglé : elles naissent, accomplissent leur fonction, puis meurent. Mais dans le cancer, les cellules cancéreuses, elles, continuent de croître sans contrôle.

2- Quels sont les différents types de cancer du sein ?

Le cancer du sein n’est pas unique. Il existe plusieurs formes, selon l’origine des cellules et leur comportement. Généralement, on ne développe que l’un au dépens de l’autre. Mais il peut arriver que plusieurs variétés coexistent. Ainsi, on a :

1. Carcinome canalaire infiltrant : le plus fréquent (environ 70-80% des cas). Il commence dans les canaux qui transportent le lait vers le mamelon et peut envahir les tissus voisins.

2. Carcinome lobulaire infiltrant : commence dans les lobules (les petites glandes qui produisent le lait). Il est plus discret à détecter à la mammographie.

3. Cancer du sein in situ : les cellules cancéreuses restent dans le canal ou le lobule et n’envahissent pas encore les tissus voisins. Il est très souvent curable.

4. Autres types rares : cancers inflammatoires, médullaires, tubulaires, etc. Certains sont plus agressifs que d’autres.

Le cancer du sein, en fonction de son agressivité, est typé en grade. Plus le grade est élevé, moindre sont les chances de sauver le sein. Au grade I, les cellules sont très proches des cellules normales du sein, l’excroissance anormale est lente et le risque de propagation est faible. Le pronostic est bon et rassurant et le taux de survie à 5 ans > 90 %.

Au grade II, les cellules sont modérément différentes du tissu normal, la tumeur a une vitesse de croissance moyenne et le risque de récidive est modéré. C’est le grade le plus fréquent, celui du “juste milieu”. Jusqu’ici, le cancer reste traitable, mais demande un suivi attentif.

Quant au 3ème grade, il correspond à la présence de cellules très anormales et totalement désorganisées. A ce stade, le cancer est agressif : il se multiplie rapidement et peut se propager plus tôt.

C’est le grade le plus grave qui, mal traité, peut entraîner des complications irréversibles.

II- LES FACTEURS DE RISQUE

Aucune cause unique ne provoque le cancer du sein et tout le monde n’a pas le même risque de développer un cancer du sein. Certains facteurs augmentent la probabilité d’avoir le cancer. Ces facteurs se divisent en deux grandes catégories : les non modifiables (qu’on ne peut pas changer, mais qu’on doit surveiller) et les modifiables (sur lesquels on peut agir).

1- Les facteurs de risque non modifiables

Ce sont des facteurs que l’on ne peut pas changer, mais qui justifient une surveillance renforcée.

  • Le sexe féminin

Les femmes sont plus concernées par ce cancer, car leurs tissus mammaires sont sensibles aux hormones féminines (œstrogènes surtout mais aussi la progestérone). Mais ça ne veut pas dire que les hommes sont épargnés. Ils doivent rester aussi vigilants sur la modification de leur sein.

  • L’âge

Le risque augmente naturellement avec l’âge, surtout après 50 ans. Mais depuis quelques années, on remarque que des femmes plus jeunes en souffrent. Comme quoi, le jeune âge ne protège pas du cancer du sein.

  • Les antécédents familiaux

 Un antécédent de cancer du sein ou de l’ovaire chez une mère, sœur ou fille doit encourager un suivi médical renforcé. De même, avoir déjà eu un cancer ou certaines lésions précancéreuses du sein augmente la probabilité de récidive.

  • Les mutations génétiques

Il existe des gènes réparateurs d’ADN dont le rôle est de réparer les erreurs de l’ADN et empêchent la formation et la prolifération des cellules anormales. Ce sont les gènes: BRCA1, BRCA2 et TP53. Malheureusement, il peut arriver que l’un de ces gènes soit muté (altéré) et qu’il ne joue plus son rôle de protection. Les cellules peuvent alors se multiplier sans contrôle, augmentant le risque de cancer du sein ou de l’ovaire.

Environ 5 à 10 % des cancers du sein sont héréditaires et dus à une mutation de ces gènes, souvent transmise par un parent.

  • La puberté précoce(avant 12 ans) et la ménopause tardive(après 55 ans)

Une exposition prolongée aux hormones féminines(œstrogènes en l’occurrence) sur la vie entière augmente légèrement le risque. Car l’œstrogène stimule la division cellulaire dans le sein ; une exposition prolongée multiplie les occasions d’erreurs génétiques.

  • L’exposition à des radiations

La radiothérapie agit en envoyant des rayons ionisants pour détruire les cellules cancéreuses. Mais ces rayons peuvent toucher des cellules saines autour de la zone traitée. Il s’agit dans ce contexte des cellules du tissu mammaire. Ces rayons peuvent endommager l’ADN des cellules ; si ces dommages ne sont pas bien réparés, cela peut entraîner, des années plus tard, la formation de cellules cancéreuses.
Ce risque reste faible, mais il existe surtout chez les personnes ayant reçu une radiothérapie thoracique à un jeune âge pour traiter un autre cancer.

2- Les facteurs de risque modifiables

Ce sont ceux liés à notre mode de vie et à certaines habitudes. Les modifier peut réduire le risque de développer un cancer du sein.

  • Le surpoids et l’obésité

La graisse produit des œstrogènes, et un excès de ces hormones peut stimuler la croissance de cellules cancéreuses. 

  • La consommation d’alcool

Même en petite quantité, l’alcool augmente le risque de cancer du sein, car il perturbe le métabolisme hormonal et endommage l’ADN. Il s’agira donc de vraiment réduire sa consommation.

  • Le tabagisme

Le tabac contient des substances cancérigènes qui affectent directement les cellules mammaires.

  • La sédentarité (manque d’activité physique)

L’activité physique régulière aide à réguler les hormones et à renforcer le système immunitaire. Sédentarité, alimentation riche en gras saturés et sucres, alcool et tabac : ces éléments favorisent l’inflammation chronique, l’obésité et la perturbation hormonale.

  • Les traitements hormonaux prolongés

Certains traitements hormonaux de la ménopause peuvent augmenter le risque s’ils sont utilisés longtemps. De même que l’utilisation prolongée de produits hormonaux non prescrits comme les crèmes éclaircissantes, les injections de comblement ou certains contraceptifs mal suivis qui contiennent parfois des dérivés hormonaux (œstrogènes ou corticoïdes) qui dérèglent le système endocrinien. Ces produits ne modifient pas seulement la peau : ils pénètrent dans la circulation sanguine et peuvent influencer les tissus mammaires.

  • L’âge tardif de la première grossesse ou l’absence de grossesse

Les femmes n’ayant jamais eu d’enfant ou ayant leur premier enfant après 30 ans présentent un risque légèrement plus élevé. Ces situations prolongent la durée de stimulation hormonale du tissu mammaire. Pendant la grossesse et l’allaitement, le sein se différencie, mûrit et réduit le nombre de cellules sensibles aux mutations.

Ne pas allaiter ou retarder la maternité ne “punit” pas la femme : cela maintient simplement une exposition hormonale plus longue, ce qui augmente le risque.

Important : avoir un ou plusieurs facteurs de risque ne signifie pas que l’on aura forcément un cancer. Et certaines personnes sans facteur de risque peuvent en développer un.

III- DIAGNOSTIC DU CANCER

1- Comment reconnaître le cancer du sein ?

La détection précoce est cruciale car le cancer du sein est souvent silencieux et indolore à ses débuts. Toutefois certains signes peuvent alerter :

• la présence d’une boule dure, indolore ou légèrement douloureux, ferme et irrégulier dans le sein ou l’aisselle;

• la modification de la forme ou du volume d’un sein;

• la rétraction ou un écoulement du mamelon (sang ou liquide clair sans notion d’allaitement);

• l’épaississement de la peau du sein ou aspect “peau d’orange”;

• des ganglions gonflés sous l’aisselle, signe de la présence des cellules cancéreuses qui peuvent se propager.

L’auto-examen mensuel du sein permet de connaître ses seins et de détecter rapidement un changement. Toute anomalie doit mener à une consultation médicale rapide, même si elle semble bénigne. Car seul un professionnel de la santé peut confirmer ce qu’il en est.

2- Pourquoi et quand faire l’autopalpation mammaire ?

L’autopalpation mammaire est un geste simple, rapide et sans danger qui permet à chaque femme de mieux connaître ses seins et de repérer tout changement inhabituel. J’avoue que ça peut être difficile surtout quand on a un mauvais rapport avec son corps. Mais c’est ton corps girl. Et personne ne t’aidera mieux à détecter les anomalies de ton sein outre toi-même. Le but n’est pas de se faire peur, mais de mieux connaître ses seins. Car ce que l’on connaît, on le protège mieux.

Alors, l’autopalpation doit se faire: 

• une semaine après les règles pour les femmes non ménopausées(dès la vingtaine).

• un jour fixe par mois pour les femmes ménopausées.

Pendant la grossesse ou l’allaitement, les seins se transforment beaucoup : ils deviennent plus volumineux, plus sensibles, parfois douloureux, et remplis de canaux lactifères.

Ces changements rendent parfois la palpation difficile mais ce n’est pas une raison pour arrêter. Au contraire, apprendre à reconnaître ton nouvel “état normal” te permet de détecter ce qui ne l’est pas. Il faut donc choisir un moment une fois par mois où tes seins sont les plus souples et les moins douloureux et fais ton autopalpation avec prudence et douceur.

3- Quelles sont les étapes pour une autopalpation réussie? 

Pour te faciliter la tâche, j’ai réparti l’autopalpation en 3 étapes pratiques et assez simples. 

  • Étape 1 : Observer

Pour réussir cette étape, tu dois te dévêtir et te placer devant un miroir(dans ta chambre ou dans la douche), les bras le long du corps. Ensuite, observe la forme et la symétrie de tes seins, l’aspect de la peau (rougeur, crevasses, aspect “peau d’orange”) et l’état du mamelon (écoulement, rétraction, plaie).

Fais la même observation les bras levés mais en plus, vérifie s’il y a des creux, rougeurs ou déformations. Puis reprend l’exercice avec les mains sur les hanches.

  • Étape 2 : Palper en étant debout

Maintenant, lève ton bras gauche derrière la tête et avec l’autre main divise ton sein en quatre cadrans. Avec la pulpe de tes trois doigts de la main droite, exerce une pression douce, moyenne puis profonde pour sentir les différentes couches du sein. Ensuite, fais des mouvements circulaires, en avançant cadran par cadran. Termine en pressant légèrement le mamelon pour vérifier s’il y a un écoulement anormal.

N’oublie surtout pas de palper la zone sous l’aisselle car beaucoup de cancers débutent à cet endroit.

Recommence pour l’autre sein.

Astuce : Si c’est difficile pour toi d’utiliser la méthode des cadrans et que tu veux être sûre de n’oublier aucune zone, fais toujours ton examen dans le même ordre, par exemple dans le sens des aiguilles d’une montre.

  • Étape 3 : Recommence la palpation en position allongée

Allonge-toi sur le dos, un bras sous la tête du côté que tu examines et mets un petit coussin sous ton épaule, cela aplatit mieux le sein. Ensuite tu reprends la palpation cadran par cadran. N’oublie pas d’examiner les 2 seins!

4- Comment le diagnostic est-il posé ?

Lorsqu’une anomalie est détectée à la palpation, le médecin peut demander une échographie (plus adaptée aux jeunes femmes) ou une mammographie (après 40 ans). En cas de doute, une biopsie confirme le diagnostic.

Pour le traitement, il est assez personnalisé et dépend du stade. Mais de façon générale, il repose sur la chirurgie( ablation partielle ou totale du sein), la radiothérapie qui détruit les cellules cancéreuses résiduelles, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et les thérapies ciblées.  

Aujourd’hui, grâce aux progrès médicaux, plus de 80 % des cancers du sein détectés tôt sont guérissables.

IV- PRÉVENTION DU CANCER DU SEIN

1- Peut-on éviter le cancer du sein ?

Il n’existe aucun moyen d’éviter totalement le cancer du sein. Mais on peut réduire considérablement les risques par des gestes simples et constants. Il s’agira surtout d’avoir un mode de vie sain. Ce qui passe par le fait de manger équilibré (fruits, légumes, fibres, poissons) et de limiter les sucres, les fritures(trop riches en graisse) et les aliments ultra-transformés. Il faut bouger régulièrement : au moins 30 minutes de marche ou d’activité physique par jour, limiter l’alcool et éviter le tabac.

Aussi, il faut choisir des cosmétiques sûrs et éviter les produits blanchissants hormonaux. Colorisme privilège oblige parfois mais je pense qu’il faut vivre pour bénéficier ou non de ces privilèges qui ne sont pas systématiques dans toutes les situations.

Enfin, il faut allaiter si possible, car chaque mois d’allaitement prolonge la protection hormonale.

La prévention, c’est une discipline du quotidien, pas un rituel d’octobre.

Dans ce sens, il faut: 

• Faire un dépistage régulier : mammographie tous les 1 à 2 ans après 40 ans (ou plus tôt si facteurs de risque). Et pour toutes les femmes en âge de procréer, il s’agira de consulter au moins une fois un/une gynécologue par an. Un dépistage systématique se fera à chaque consultation;

• Connaître ses seins : auto-examen mensuel pour repérer toute anomalie;

• Informer et sensibiliser : parler du cancer du sein autour de soi contribue à briser les tabous et à sauver des vies.

 

2- Quelques fausses croyances sur le cancer du sein:

  • La succion du sein par le partenaire prévient le cancer

Cette affirmation est très erronée et problématique car elle détourne des vrais gestes de prévention. Aucune étude n’a prouvé que la succion du sein par le partenaire a un effet préventif. Toutefois, l’allaitement maternel exclusif pourrait diminuer les risques de faire un cancer du sein plus tard puisqu’il diminue les cycles hormonaux et stabilise les cellules mammaires.

  • Le cancer du sein ne touche que les femmes âgées

Cette affirmation n’est pas totalement fausse puisqu’il y a encore quelques années, c’était les femmes de plus de 50 ans qui souffraient le plus de cette pathologie. Mais depuis quelques années, le cancer du sein a commencé à faire des ravages chez les femmes plus jeunes.

L’âge ne protège donc pas!

  • Les hommes ne peuvent pas avoir de cancer du sein

C’est absolument faux. Certes les cas de cancer du sein sont plus rares chez les hommes mais ce n’est pas à négliger. Toute boule dans le sein ou un écoulement chez un homme mérite un examen médical.

CONCLUSION

Le cancer du sein n’est pas une fatalité. C’est la réalité de plusieurs femmes, surtout en Afrique. Et comme tout cancer, dépisté tôt il est plus facile à traiter et moins destructeur. Il est donc primordial de ne jamais ignorer un changement de l’aspect de ses seins et de consulter rapidement car toute perte de temps pourrait être fatale.

Et surtout, les bonnes habitudes ne s’arrêtent pas avec Octobre. L’auto dépistage doit être continu et fait de façon systématique chaque mois 2-3 jours après les menstrues.

J’espère sincèrement que l’article t’aura plu. N’hésite pas à donner ton avis et à le partager!

Bisouuuuuuuuuuuuuuuussssssssssssssss

 

INTRODUCTION

4 réponses

  1. Merci pour ce bel article. J’ai apprécié le point sur le choix des femmes de retarder leur maternité ou ne pas allaiter. Certaines personnes ont l’indécence de juger les femmes sur leurs choix en prétextant les protéger du cancer du sein.

    1. Je t’en prie
      En vrai rien ne protège réellement contre le cancer du sein. On peut bien l’avoir sans avoir aucun facteur de risque donc ce n’est ni la grossesse ni l’allaitement qui sauve.

  2. J’ai beaucoup aimé l’article. J’ai pris mon temps pour le lire intégralement et c’était très informatif et ça éclairait par rapport à certains mythes liés à ce cancer.

Répondre à FOLLY Mahulolo Fédel Betsaleel Annuler la réponse

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